Quelque part dans la banlieue sud de Tunis, hier au début de la soirée; des coups de klaxons assourdissants et répétitifs ! Je regarde dans le rétroviseur et j'aperçois un véhicule jaune, un taxi, en service, qui tentait de me dépasser, ligne continue pourtant ! Visiblement il s'ennuyait grave en tenant derrière moi, pourtant je roulais à une vitesse correcte. Quelques coups de phares, pour se signaler encore plus, et annoncer qu'il allait commettre un truc... puis s'aventurer prudemment ?! Peinard le monsieur ! Et il s'est engagé le con. Drôle d'engagement. Je me suis un peu rabattu sur le bas-côté, et la voiture qui venait d'en face à fait de même, et de justesse, à quelques centimètres près, on a pu éviter un grand bruit, un tas de tôle amassée, quelques familles en deuil... à cause d'une urgence, certainement. Va savoir laquelle ! Bien sûr, après s'être assuré qu'il était encore en vie, le courtois gentil taximan a fait signe de sa main, comme ça, et j'ai compris que je devais l'excuser, que c'était plus fort que lui, qu'il était un pro et que je n'avais pas à jouer sur son propre terrain... Voilà ! J'ai fini par lui donner raison. Et il avait raison. En revenant sur la file, devant moi, j'ai pu lire le sticker qu'il avait collé sur la lunette arrière de son taxi. Tout un message. Tout un état d'âme. Tout un esprit. Une bande autocollante qu'il avait certainement acheté après le 14 janvier. Un truc de révolutionnaire vous voyez ! Enfin Libre c'était écrit. Enfin Libre. C'est tout. Avec une typo fantaisie, où les lettres, libres elles aussi, ne se collaient pas et faisaient des courbes en vague. Toute la liberté dedans. Un truc révolutionnaire je vous ai dit. Alors j'ai tout compris. Forcément. Le monsieur se sentait bien libre, bien dans sa liberté à lui, et il ne fallait pas lui en vouloir pour ça. Surtout ne pas l'envier pour cet acquis. La liberté. Enfin !
Sunday, May 29, 2011
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